Abba Jean Colobos disait: "Persévère dans l'obéissance"

PANORAMA, janvier 2009
par ENZO BIANCHI
Tu l'as compris: l'obéissance exige une véritable lutte, que l'on est allé parfois jusqu'à comparer au martyre

PANORAMA, janvier 2009
par ENZO BIANCHI

Cher Jean,
Le père du désert que je veux te présenter aujourd'hui porte le même nom que toi. On l'appelait Jean le Nain ou, en grec, Jean Colobos, c'est à dire « le court », « le bref », car il était de petite taille. Mais on pourrait également entendre dans un sens spirituel le qualificatif dont il était affublé: la « petitesse » que l'on décrivait chez lui était aussi son humilité, sa modestie, sa capacité d'obéissance. Voici par exemple comment un autre père s'interrogea un jour à son propos dans le désert: « Qui est abba Jean qui, par son humilité, a suspendu tout Scété à son petit doigt? » Il s'agit là sans doute de la meilleure présentation du « grand » Jean le Nain!

Jean avait rejoint la région monastique de Scété vers 356, alors qu'il avait dix-sept ou dix-huit ans. Il était devenu disciple d'un ancien moine, Ammoès, qu'il servit fidèlement durant une vingtaine d'années. C'est à son école qu'il se forma et apprit l'obéissance. On raconte que, lorsque Jean était encore jeune, Ammoès, prenant un bâton de bois sec, le planta dans la terre et dit à son novice: « Chaque jour, arrose-le d'une cruche d'eau, jusqu'à ce qu'il produise du fruit. » Or l'eau était si loin qu'il fallait partir la puiser le soir, à travers le désert, et revenir le lendemain matin. Mais au bout de trois ans d'arrosage, le bois prit vie et produisit du fruit. Alors le vieillard, prenant de ce fruit, le porta à l'église où les frères se réunissaient chaque semaine et leur dit: « Prenez, mangez le fruit de l'obéissance. »

  • 1
  • 2