Abba Macaire: Se souvenir de Dieu
par ENZO BIANCHI
Oui, comme l'a affirmé un père, « oublier Dieu est la racine de tous les maux », tandis que « se souvenir de Dieu est plus nécessaire que de respirer »…
PANORAMA, mai 2009
par ENZO BIANCHI
Cher Jean,
Quelles sont les personnes, les choses ou les événements dont tu te souviens facilement, et quelles sont ceux que tu oublies trop souvent? T'es-tu déjà posé cette question? Au-delà de problèmes liés aux troubles de la mémoire, la qualité de notre souvenir et les réalités dont nous nous rappelons disent en vérité une dimension importante de notre personne. Oui, se souvenir, faire mémoire ou oublier, loin de constituer des aspects banals de notre vie mentale, sont au contraire indices de notre existence profonde. Et encore une fois, les pères du désert, au quatrième siècle après Jésus-Christ, l'avaient déjà compris.
Macaire le Grand, que je veux évoquer avec toi aujourd'hui, a dit en effet: « Si nous gardons le souvenir des torts que nous ont causé les hommes, nous supprimons la faculté de nous souvenir de Dieu. Mais si nous nous rappelons les maux des démons, nous serons invulnérables ». Tu le vois, certains souvenirs nous font vivre, et d'autre nous donnent la mort; certains oublis nous font refleurir, d'autres sont mortifères… Où se situe alors la distinction, me diras-tu?
Ce que veut dire abba Macaire, c'est que l'union avec Dieu, la relation avec le Seigneur qui donne la vie en plénitude, est incompatible avec le repli sur soi, avec la tristesse et la rancœur liée aux maux qui nous ont été infligés. Il y a là une véritable alternative: soit nous nous souvenons vraiment de Dieu (et cela oblige notre cœur à faire disparaître les autres souvenirs, souvent négatifs, à apaiser nos passions, à unifier nos désirs), soit nous nous rappelons précisément de ces autres choses, qui toutefois nous éloignent de Dieu.