Saint Jérôme: «Ignorer l’Écriture, c’est ignorer le Christ»

PANORAMA
Février 2011
Nous pouvons certes chercher Dieu, enquêter à son sujet, mais ce n’est que si le Seigneur lève le voile, s’il se révèle et s’il nous parle que nous parvenons à le connaître en vérité
Article de Enzo Bianchi, prieur de Bose
PANORAMA, Février 2011

Cher Jean,

« Dis-moi, frère très cher : vivre au milieu des Livres sacrés, les méditer sans cesse, ne rien connaître ni chercher en dehors d’eux, n’est-ce pas déjà, dès ici-bas, habiter le Royaume des Cieux ? » Voilà ce qu’écrivait saint Jérôme, vers la fin du IVe siècle, dans une lettre à l’un de ses amis. En m’appuyant sur le témoignage de ce père de l’Église, je veux à mon tour te montrer combien la pratique de la lecture biblique nourrit et modèle notre foi chrétienne. Je reprends à mon compte, pour te l’adresser, cet autre conseil de Jérôme : « Lis souvent et étudie le plus possible. Que le sommeil te saisisse toujours un livre à la main ; que ton visage rencontre l’accueil d’une page de la sainte Écriture ! »

L’auteur de ces mots, né en Dalmatie au IVe siècle, a partagé sa vie entre Rome et l’Orient : dans la capitale de l’Empire, il s’est formé intellectuellement, se liant aussi d’amitié avec des personnalités influentes de l’Église et de la société ; tandis qu’en Syrie il a appris les rudiments de la vie monastique et a reçu l’ordination presbytérale. Mais surtout : sa vie durant, Jérôme entretint un profond amour des saintes Écritures. Lorsqu’il quitta définitivement Rome et se retira à Bethléem, pour y mener la vie monastique durant plus de trente ans, il consacra le plus clair de son temps à la traduction en latin des Écritures hébraïques et grecques, ainsi qu’au commentaire de ces textes. C’est à lui qu’on doit la Vulgate, version latine de la Bible qui fut adoptée dans tout l’Occident.

Jérôme savait que pour connaître Dieu, il n’existe aucune voie aussi sûre que l’écoute de sa Parole contenue dans les Écritures. Éprouvant le fondement spirituel de sa recherche, le moine de Bethléem a pu écrire : « Je ne prétends pas me faire passer pour quelqu’un qui veut cueillir dès cette terre les fruits de ces textes qui ont leurs racines dans les cieux. Mais j’avoue que j’en nourris le désir et que je souhaite même m’engager de toutes mes forces à couvrir le chemin qui me conduira vers ce but. » En effet, nous pouvons certes chercher Dieu, enquêter à son sujet, mais ce n’est que si le Seigneur lève le voile, s’il se révèle et s’il nous parle que nous parvenons à le connaître en vérité.

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