Un amour qui ait une portée politique

Aimer comme Jésus a aimé est aussi un devoir civil pour les chrétiens. Cela exigera d’eux qu’ils sachent témoigner à travers leur vie personnelle, mais plus encore qu’ils rendent «éloquentes» leurs convictions

 

Article d'Enzo Bianchi, prieur d Bose
Panorama, avril 2012

« Aimez-vous comme je vous ai aimés » (Jn 13,34) : voilà le « commandement nouveau », le commandement définitif qu’a laissé Jésus a ses disciples. Et dans ce « comme » est inscrite toute l’existence de Jésus, l’exemple qu’il nous a donné pour que nous en suivions les traces : sa vie offerte jusqu’à la fin, pour ses amis et pour tous, dans la liberté et par amour. Toutefois ce commandement, qui pointe la spécificité du christianisme, exige des chrétiens qu’ils aiment non seulement leurs proches, leur famille, mais tous ceux qu’ils rencontrent, et en particulier les derniers, ceux qui souffrent, ou qui se trouvent dans le besoin.

C’est donc aussi à la lumière de ce commandement que les chrétiens sont appelés à penser la forme « politique » de leur présence : l’exemple donné par Jésus pourra alors aussi viser le bien commun de la cité. Il les induira a traduire cet appel à « s’aimer » par l’égalité, la solidarité, la justice sociale… Si l’amour pour les plus faibles ne s’explicitait pas sous une forme politique, il manquerait un élément important au vivre-ensemble des citoyens; et les chrétiens se soustrairaient à une grave responsabilité.

Oui, s’aimer comme Jésus a aimé est aussi un devoir civil pour les chrétiens. Cela exigera certes d’eux qu’ils sachent témoigner à travers leur vie personnelle, mais plus encore qu’ils rendent « éloquentes », compréhensibles à tous, leurs convictions, notamment sur les exigences du respect, de la sauvegarde et de la défense de chaque vie humaine.

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