Rencontrer un homme pour connaître Dieu
La réponse à la « gnose », aujourd’hui comme hier, est l’adhésion à Jésus, qui, en se faisant homme, a conduit l’homme à Dieu lui-même
Article d'Enzo Bianchi
Panorama, juin 2012
Il semble que les chrétiens aient actuellement à refaire face, dans leur dialogue avec ceux qui ne peuvent croire ou qui croient différemment qu’eux, à ce phénomène qu’on appelait la « gnose » aux premiers siècles de notre ère. Les pères de l’Église déjà ont dû lutter contre ces courants, par ailleurs très diversifiés.
Le mot grec gnosis signifie connaissance : la gnose indique une « voie spirituelle » qui promet le salut, le bonheur, la béatitude à travers la connaissance, par un processus intellectuel et une expérience qui permettent à l’initié de comprendre, de savoir. Si le contenu et les modalité de cette « connaissance » peuvent varier, demeure dans ce mouvement la conviction que le salut n’est pas donné par grâce, par un don gratuit de Dieu, mais qu’il y faut un parcours accompli par la personne humaine pour atteindre une illumination, un réveil intérieur. Ainsi la gnose séduit : elle invite au protagonisme, elle semble satisfaire le désir de recherche de la vérité sans obliger à se confronter avec la dureté et l’altérité du Dieu vivant, trois fois saint. Elle offre au contraire une union avec le divin qui se joue dans l’émotion, dans l’imaginaire, dans une harmonie pacifique.
La gnose constitue donc un programme d’autoréalisation humaine : selon cet enseignement, l’homme aurait en soi-même tous les moyens pour se sauver et s’accomplir. Si Dieu n’y est pas nié, il est pourtant confondu avec une présence cosmique que les hommes pourraient discerner sans qu’aucune révélation venant de Dieu lui-même ne soit nécessaire. La gnose nie ainsi l’humanisation de Dieu en Jésus de Nazareth, lequel a invité tout homme à se mettre à sa suite pour rencontrer le Dieu vivant et vrai.
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