Visite fraternelle et voyage d'étude en Chine

Église catholique de Zhujiajiao

Du 29 mai au 3 juillet 2010, fr. Matteo s’est rendu en Chine pour une période de perfectionnement de la langue chinoise, pour des recherches sur l’histoire du christianisme dans ce pays et surtout pour tisser des liens de connaissance et d’amitié avec la réalité ecclésiale de Shanghaï et de la région

Église de Saint-François-Xavier (Dongjiadu)

Mgr Louis Jin Luxian, évêque de Shanghaï

Shanghaï, cathédrale catholique de Saint-Ignace

Du 29 mai au 3 juillet 2010, fr. Matteo s’est rendu en Chine pour une période de perfectionnement de la langue chinoise, pour des recherches sur l’histoire du christianisme dans ce pays et surtout pour tisser des liens de connaissance et d’amitié avec la réalité ecclésiale de Shanghaï et de la région.

L’accueil reçu a été partout surprenant : de la famille catholique qui a mis à disposition une partie de son appartement, à la paroisse catholique de Saint-François-Xavier, où le curé Joseph Lu Yuchun et les paroissiens ont offert un climat de communion fraternelle quotidienne, à la communauté protestante, où le pasteur Guo Feng a organisé des moments de rencontre avec des jeunes animés d’une recherche spirituelle œcuménique. Grâce à cette hospitalité chaleureuse, les occasions de rencontres significatives n’ont pas manqué avec de nombreux membres de l’Église catholique et des Églises protestantes de la ville.

La rencontre avec l’évêque « officiel » de Shanghaï, âgé de 95 ans, Mgr Louis Jin Luxian, un jésuite, a été particulièrement intense, comme nous l’écrivait fr. Matteo dans une de ses lettres envoyées à la communauté :

Cette rencontre, désirée depuis longtemps, et qui s’est concrétisée presque indépendamment de mes efforts, a été un moment fort et émouvant. Durant une demi-heure, j’ai pu converser – en italien, en français, deux des nombreuses langues que l’évêque connaît bien – avec un de ce ceux qui a « reconstruit » l’Église catholique en Chine après la Révolution culturelle. Je lui ai brièvement présenté la communauté, notre vie de moines à Bose, notre sollicitude pour l’Église en Chine : il s’est révélé être un homme de grande écoute et très intéressé. Lorsque je lui ai assuré que la communauté prie pour l’Église de Chine chaque semaine, il m’a remercié, ému, ajoutant : « Priez pour moi, car ce n’est pas facile d’être évêque ici en Chine… » Je lui ai dit ma joie pour l’invitation que le pape Benoît XVI lui avait adressée, ainsi qu’à d’autres évêques chinois, de participer au Synode des évêques de 2005, un grand signe de reconnaissance pour son ministère, après tant d’années de douloureuses incompréhensions. Il m’a simplement répondu, avec une note de regret : « Le gouvernement n’a pas permis que j’aille à Rome. »

Séminaire catholique de Sheshan

Mgr Joseph Xing Wenzhi, évêque auxiliaire de Shanghaï

À Mgr Jin et à son infatigable ministère à la tête du diocèse de Shanghaï on doit la « renaissance » de cette Église locale, dont l’origine remonte déjà à quatre siècles, aux temps de Matteo Ricci (1552-1610) ; cette Église avait une vie florissante et structurée dans la première moitié du XXe siècle, mais elle a subi de terribles épreuves par la suite. Grâce à l’évêque Jin furent possible la première réouverture d’un séminaire en Chine en 1982, la remise en fonction de la prestigieuse maison d’édition catholique Guangqi et la réorganisation pastorale du grand diocèse de Shanghaï, qui compte actuellement environ cent-cinquante mille catholiques et est servi par environ soixante-dix prêtres « officiels », environs cinquante prêtres « clandestins » et une centaine de sœurs, dont de nombreuses sont très jeunes.

La visite à certaines de ces paroisses a permis une connaissance plus directe de la réalité ecclésiale, des problèmes plus quotidiens et des défis les plus urgents que le contexte social, culturel et politique leur pose. Parmi ceux-ci, la transmission de la foi aux jeunes générations compte parmi les urgences : comment la préserver dans les anciennes familles catholiques, où la foi se passe de génération en génération, et comment atteindre les nombreuses personnes qui ne partagent pas cette tradition et les formes qu’elle a prises ?

En ce sens, la visite à Sheshan, dans les faubourgs de Shanghaï, a été particulièrement intéressante : le sanctuaire marial le plus grand de Chine s’y trouve ainsi que différentes structures ecclésiales, parmi lesquelles le séminaire majeur du diocèse, qui accueille une soixantaine d’étudiants. Fr. Matteo a eu l’occasion de connaître là le jeune évêque auxiliaire, Mgr Joseph Xing Wenzhi, qui enseigne au séminaire et en est le recteur ; notre frère a été invité à rencontrer les séminaristes, comme il en fait le récit dans une autre de ses lettres :

Shanghaï, Cathédrale anglicane

China Christian Council (ancien Fu Xianwei et Abraham Chan)

Shanghaï, église protestante de Hongde

Mgr Xing, très accueillant et vif, mais aussi curieux d’en savoir davantage sur moi et sur la communauté, m’invite à prendre un café et nous parlons une demi-heure. Parmi d’autres choses, il me dit que cette année, en raison des restrictions imposées par le gouvernement, il n’y a plus aucun enseignant étranger au séminaire et qu’en mai (la période habituellement de la plus grande affluence) les pèlerins au sanctuaire marial de Sheshan ont été très peu nombreux. Puis vient le beau moment de la rencontre avec les séminaristes : je leur montre quelques photos de la communauté et je leur présente notre vie à Bose. Je suis surpris des différentes questions qu’ils me posent, qui manifestent leur intelligence et leur curiosité envers la vie monastique, dont ils connaissent par ailleurs très peu.

La rencontre avec les sœurs âgées de la maison de repos du diocèse a aussi été très émouvante. Leurs visages exprimaient la joie de la persévérance dans la vocation, que nous savons « éprouvée comme par le feu » (1P 1,7), à travers l’histoire tourmentée de l’Église en Chine au cours des dernières décennies.

Pour fr. Matteo, les visites faites avec le pasteur Abraham Chan, du Centre de spiritualité Tao Fong Shan de Hong-Kong – qui est passé à Bose l’an dernier et est devenu un ami affectionné à la communauté – ont été de précieuses occasions de connaissance des Églises protestantes de Shanghaï. Le jeune pasteur shanghaïais Antoine Guo Feng les accompagnait dans ces visites et planifiait de manière efficace les rencontres avec certains des responsables de l’Église protestante chinoise, parmi lesquels le président de la section de Shanghaï du Conseil des Églises chrétiennes de Chine (l’organisme qui regroupe les différentes Églises protestantes chinoises) et l'ancien Fu Xianwei, président du Mouvement patriotique des trois autonomies des Églises protestantes chinoises, qui se révèle une personne très ouverte, lucide et disponible.

Pasteur Yu, pasteur Guo Feng et Abraham Chan

Pasteur Guo Feng et amis protestants

Hanzhou, évêque Matthieu Cao Mingde, p. Zheng Jiamao, p. Li Weiping

La visite dans certaines anciennes Églises protestantes de Shanghaï et la participation au culte protestant dans la paroisse de la « Community Church » de tradition anglicane ont permis de toucher du doigt la réalité dynamique et plurielle des Églises protestantes en Chine, leur vivacité et à la fois leurs fragilités. Une rencontre particulièrement belle a été celle avec un groupe de jeunes, comme l’écrit encore fr. Matteo :

Le pasteur Guo Feng me manifeste un accueil profond, dont je découvre vite qu’il est dû notamment à sa connaissance de la vie monastique, à son amour pour la vie spirituelle et à son soutien de la prière liturgique. Il n’hésite pas à m’inviter, la semaine suivante, à un dîner informel avec quelques jeunes liés à lui par une commune recherche de spiritualité œcuménique ; durant le repas et plus tard, je suis sollicité à présenter notre vie monastique. Je suis encore une fois frappé par la profonde curiosité et la recherche spirituelle de ces jeunes, à qui je demande qu’ils me racontent un peu leurs histoires de foi : certains parmi eux viennent d’une tradition chrétienne consolidée en famille, d’autres ont ressenti un appel intérieur à s’approcher de l’Église qu’ils ne connaissaient pas auparavant, sinon de manière superficielle, alors que d’aucuns sont arrivés à la foi à travers un parcours artistique et musical…

Durant les derniers jours de son séjour, fr. Matteo a également pu visiter les diocèses voisins de Suzhou et de Hangzhou. Cette deuxième ville comporte une ancienne présence chrétienne : l’évangélisation remonte à l’œuvre missionnaire du jésuite italien Martino Martini (1614-1661), dont on conserve encore la tombe et à qui on doit la construction de la cathédrale en 1659. L’accueil de la part du p. Paul Zheng Jiamao et du p. François Li Weiping a permis à notre frère de connaître la vie de cette Église locale, qui compte un nombre restreint de prêtres et de sœurs et qui est placée sous la responsabilité de l’évêque Matthieu Cao Xiangde, que fr. Matteo a assuré de notre soutien orant pour son ministère épiscopal.