Un coeur large et bon

Les icônes de Bose - Écoute, style byzantin
...seul un coeur rendu nouveau par le Seigneur est ouvert et disponible à l’écoute!...

Si Dieu t'a appelé à la solitude, au silence, à un moment de dialogue avec lui, c'est pour parler à ton coeur.

Le coeur biblique, c'est le centre, le siège des facultés intellectuelles de l'homme, c'est le centre le plus intime de ta personne. Et donc, le coeur est l'organe principal de la lectio divina parce qu'il est le centre dans lequel chaque homme vit et exprime le caractère unique de sa personnalité. Mais tu sais que ce coeur peut être incirconcis (Dt. 30,6; Rom. 2,29), de pierre (Ez. 11,19), divisé (Ps. 118, 113; Jér. 32,29), aveugle (Lam. 3, 65). Toutes ces expressions indiquent que le coeur de l'homme peut être loin de Dieu, non touché par la foi. Mais le coeur du croyant, à son tour, peut être appesanti par les dissipations, les ivresses et les tracas de la vie (Le 21,34), il peut être endurci, malade de sclérose, au point de ne pas reconnaître ni comprendre les paroles et l'action du Seigneur (Mc 6,52; 8,17), il peut être instable, inconstant, porté à oublier et à détourner le sens de la Parole (cf. II P. 3,16; Le 8,13). Le coeur peut être ainsi s'il tire sa subsistance de la chair, des idéologies dominantes, de l'orgueil qui est le grand péché. Toi qui t'apprêtes à écouter Dieu, prends ton coeur en main, élève-le à Dieu, pour qu'il en fasse un coeur de chair, pour qu'il l'unifie, le rende sain et le purifie. Seul un coeur d'enfant peut recevoir les dons de Dieu (cf. Mc 10,15).

Seul un coeur rendu nouveau par le Seigneur est ouvert et disponible à l'écoute. Le Seigneur a promis de donner un coeur nouveau à qui l'invoque (Ez. 18,31), de l'incliner vers sa Parole s'il se présente à lui convaincu de sa propre sclérose (Ps. 118,36).



Chaque jour, il nous crie : "Oh, si vous écoutiez ma voix ! N'endurcissez pas votre coeur !" (Ps. 94,8; Héb. 3,7). Le coeur dur trouve dure la Parole de Dieu, et cela peut arriver aussi aux croyants : "Cette parole est dure, qui peut l'entendre ?" (Jn.6,60). Demande alors au Seigneur, pour toute ta personne, dont le coeur est le symbole, un coeur large, un coeur qui écoute (lev shomea), comme Salomon le Sage l'a demandé au Seigneur (1 R. 3,5).

Quand tu fais la lectio divina, rappelle-toi la parabole du semeur, qui montre le Seigneur en train de semer sa Parole. Tu es, en réalité, un de ces terrains : ou pierreux, ou chemin ouvert à tout ce qui passe, ou plein d'épines, ou bon. La Parole doit tomber en toi comme dans une bonne terre et toi, "après l'avoir écoutée avec un coeur bon et unifié, tu la garderas en produisant du fruit par ta persévérance" (cf. Le 8,15).

C'est dans un coeur purifié, unifié, rendu sain, que le Père, le Fils et l'Esprit viennent faire leur demeure en toi pour célébrer la lectio divina (Jn 14,23; 15,4). Le coeur est fait pour la Parole et la Parole pour le coeur : aide à ces noces, chantées par le Psaume 118, 111, où sa Parole de Dieu devient tienne et où ton coeur chante parce qu'il est devenu sien.

Alors ton coeur sera celui d'un disciple docile aux choses de Dieu, capable d'expérimenter la Parole sans glose, vraiment aux pieds du Christ et prompt à l'écouter comme Marie de Béthanie (Le 10,39), capable de méditer et de conserver ses paroles dans ton coeur comme la mère du Seigneur (Le 2,19.51). "Elevons notre coeur !", chante la liturgie au début de la célébration eucharistique.

"Elevons notre coeur !" est le premier cri de la lectio divina.

Tiré de:
ENZO BIANCHI, Prier la Parole. Une introduction à la lectio divina
Bellefontaine, 1996
(nouvelle édition).