Plus brûlant que le feu
Qu'y a-t-il de plus utile pour vous que de savoir comment vous pouvez aimer votre Dieu, votre Créateur, votre Rédempteur? Il ne fait pas de doute, mes frères, que rien n'est aussi utile, aussi nécessaire. L'amour pour lui est pain pour l'affamé, souce pour l'assoiffé, route pour celui qui erre, repos pour le fatigué, lumière pour l'aveugle, vie pour le mort, santé pour le malade.
L'amour pour Dieu est plus fort que la mort, plus brûlant que le feu, plus tranchant que toute épée. L'amour pour lui est mort par laquelle l'homme meurt à ce monde, meurt aux vices et aux péchés, meurt aux horribles passions de la chair. De cette mort était mort celui qui disait: Ce n'est plus moi qui vis, et ce qui suit. Cet amour est un feu, comme le dit le Seigneur: Je suis venu apporter le feu sur la terre, et ce qui suit. C'est une épée que cet amour, parce qu'il sépare le père du fils, le fils du père, la mère de la fille, la fille de la mère, le frère de la sœur. Cette épée divise également l'homme d'avec soi-même et fait combatter l'esprit contre la chair. De cette épée le Seigneur dit: Je ne suis pas venu apporter la paix, mais une épée.
Vous vous en rendez compte, mes frères: rien n'est plus utile que d'aimer Dieu. Pour celui qui aime Dieu, le bien et le mal, la prospérité et l'adversité, la santé et l'infirmité, la vie et la mort se changent en bien, parce que tout concourt au bien de ceux qui aiment Dieu.
Aelred de Rievaulx, homélie 80 pour l'Avent du Seigneur
Aelred est né vers 1110 à Hexham dans le Northumberland, au nord de l’Angleterre, non loin de la frotnière avec l'Écosse. Après ses études à Hexham et à Durham, il se retrouve en 1124 à la cour de David, roi d'Écosse, où il acquiert, très jeune, la fonction de sénéchal, c'est-à-dire économe. Une de ses missions auprès de l'archevêque de York, pour le compte du roi, fut l'occasion de connaître la vie cistercienne: cela, grâce à une petite filiale de Clairvaux, tout juste établie dans ce diocèse, à proximité du fleuve Rye, qui avait pris le nom de Rievaulx. Prenant sa décision avec immédiateté, Aelred y entra comme moine. C'était en 1134. En 1142 il devint maître des novices. Peu après, s'ouvrit à Revesby, dans le Lincolnshire, une fondation monastique affiliée à Rievaulx, et Aelred en fut nommé abbé. Il y demeura de 1143 à 1147, lorsqu'il fut rappelé à Rievaulx pour devenir abbé. Sa notoriétè s'étendit au-delà du monde cistercien; ses paroles et ses écrits furent appréciés d'un cercle toujours plus vaste; une intense correspondance le liait à toute sorte de personnes et tout cela s'ajoutait à l'activié normale, mais déjà extraordinaire, liée à sa fonction d'abbé et de guide des nombreux monastères dépendants. Il ne se laissa pas même freiner par une grave forme d'arthrite qui limita gravement ses mouvements durant les dernières années de sa vie. Il mourut le 12 janvier 1167.
Tiré de Aelredo di Riveaux, Ho trovato l'amato del mio cuore (collection des Textes des Pères de l'Église n°76), p. 14-15, Edizioni Qiqajon, Magnano 2005.