3 Ottobre

DENYS L’ARÉOPAGITE témoin
Les Églises orthodoxes font aujourd’hui mémoire de l’auteur du Corpus Areopagiticum, qui est passé dans l’histoire sous le pseudonyme de Denys l’Aréopagite.

DENYS L’ARÉOPAGITE
témoin

Les Églises orthodoxes font aujourd’hui mémoire de l’auteur du Corpus Areopagiticum, qui est passé dans l’histoire sous le pseudonyme de Denys l’Aréopagite.
Il n’y a, sans doute, pour aucun père de l’Église une aussi forte distance entre ce que nous savons sur sa vie et la formidable influence qu’il eut sur la spiritualité et la théologie après lui. Denys fut probablement un chrétien originaire de Syrie qui séjourna longtemps à Athènes. Grandement influencé par les derniers philosophes néo-platoniciens qui y résidaient, il composa une suite d’ouvrages qu’il signa du nom de l’Athénien converti, selon le récit des Actes des Apôtres, par la prédication de Paul à l’Aréopage.
Dans la Hiérarchie ecclésiastique et dans la Hiérarchie céleste, Denys chercha à pénétrer l’ordre cosmique au sommet duquel il n’y a que Jésus Christ, au ciel comme dans l’Église militante sur la terre. Dans les Noms divins, il fit une analyse des attributs que l’Écriture rapporte à Dieu, en quête de ce que les hommes sont en mesure de balbutier sur Dieu à partir de la révélation, suivant une théologie « positive ». Mais Denys fut surtout un grand chantre de la théologie « négative », selon laquelle on ne peut atteindre Dieu qu’à travers ce qu’il n’est pas, ce qu’on ne peut pas lui attribuer, autrement dit en entrant dans la « ténèbre plus que lumineuse du silence » et de la non connaissance de Dieu : elle seule conduit au mystère ineffable de la divine Trinité.

Lecture

O Trinité, directrice de la théologie des chrétiens, qui êtes au-dessus de tout être, de toute divinité et de toute bonté,
Conduisez-nous jusqu’à l’éminence souveraine, plus que lumineuse, et plus qu’inconnue, des Écritures divinement mystiques, où les secrets éternels, simples, absolus ou nécessaires de la Sagesse incréée sont cachés !
C’est là où, par une plus que resplendissante obscurité de silence, qui sert de maître et de docteur, ce qui est enfoncé dans les plus sombres ténèbres paraît éclatant d’un excès de lumières et de splendeurs, et que tout ce qui ne saurait être ni aperçu, ni touché, et tout ce qui n’a point d’expérience parmi les sens, assouvit, au dessus de tout ce que l’on saurait penser, les esprits privés de vue au milieu des clartés surexcessivement belles qui se font paraître.
Voilà, pour moi, la prière que je fais.
(Pseudo-Denys, La théologie mystique)

Prière

Nous t’appellerons inscrutable abîme de la science céleste, ô Denys. Tu as été rendu digne de revêtir le Christ, ce manteau de lumière, et de resplendir de la fulgurance de l’Esprit dans ton intelligence. Nous donc, qui célébrons ta mémoire avec foi, nous rendons gloire au Seigneur qui t’a glorifié.

Lectures bibliques
Ac 17,16-34 ; Mt 13,44-54


GRÉGOIRE PERADZE
(1899-1944)
prêtre et martyr

En 1944, dans le camp de la mort d’Auschwitz, meurt Grégoire Peradze, prêtre de l’Église de Géorgie, professeur et oecuméniste de premier plan.
Grégoire est né en 1899 à Sakascethi, près de Gori, à l’est de la Géorgie. Après ses études au séminaire de Tbilissi, le jeune homme fut ordonné prêtre ; il s’inscrivit, dans sa patrie, à la faculté de philosophie, mais il partit ensuite pour Bonn où il obtint sa licence en 1925.
Comme la Géorgie avait été annexée par le régime soviétique, Grégoire fut contraint de rester à l’étranger. Il poursuivit ses recherches en Angleterre, en Allemagne, en France et en Pologne, ce qui lui permit d’entrer en contact avec le mouvement œcuménique naissant, dont il fut un représentant compétent et convaincu. En Europe, il enseigna l’histoire et la littérature de Géorgie, puis il obtint, en Pologne, la chaire de Patrologie à l’Université de Varsovie. Il se distingua surtout par sa contribution à l’étude des pères de l’Église de Géorgie.
Quand la seconde guerre mondiale éclata et que les troupes nazies occupèrent la Pologne, Grégoire, qui était devenu entre temps archimandrite, fut arrêté et déporté à Auschwitz. Ce fut son ultime voyage, qu’il acheva de son plein gré, en entrant dans la chambre à gaz à la place d’un juif, père d’une famille nombreuse, qui eut ainsi, grâce à son sacrifice, la vie sauve.
Grégoire Péradze a été officiellement canonisé par l’Église orthodoxe de Géorgie en 1995.


GEORGE ALLEN KENNEDY BELL
(1883-1958)
pasteur et témoin de l’œcuménisme

Le 3 octobre 1958, George Allen Kennedy Bell, évêque de Chichester et grand pionnier du mouvement œcuménique, meurt sereinement dans sa résidence de Canterbury.
Bell est né à Norwich en 1883. Il fit ses études à Oxford et reçut l’ordination presbytérale en 1907. De 1914 à 1929, il fut d’abord chapelain de l’archevêque primat d’Angleterre puis doyen de Canterbury.
Frappé par les souffrances inouïes causées par les deux guerres mondiales, Bell s’employa de toutes les manières à promouvoir la réconciliation entre les peuples, tissant sans se lasser des relations avec des chrétiens de toutes confessions.
Même si la formation théologique ne lui faisait certes pas défaut, il fut un homme d’action et prit durant plusieurs années la tête du mouvement Vie et action ; lorsque ce dernier rejoignit le Conseil œcuménique des Églises, Bell fut élu premier modérateur du tout nouvel organisme œcuménique mondial. Sa défiance notoire pour les dialogues théologiques ne l’empêcha pas de forger de grandes amitiés avec Dietrich Bonhoeffer, Nathan Söderblom et Wilhelm Visser’t Hooft, posant ainsi les bases d’un long chemin du rapprochement entre les Églises qui se produisit à la fin de la seconde guerre mondiale.
Bell mourut après avoir prononcé sa dernière homélie sur le passage de Lc 17,10 : « De même, vous aussi, quand vous avez fait tout ce qui vous était ordonné, dites : ‘Nous sommes des serviteurs quelconques. Nous n’avons fait que ce que nous devions faire’ ». Par un rapprochement significatif, c’est le texte même que Bonhoeffer avait choisi pour sa première prédication, et c’est encore le texte qui fut gravé sur la tombe de Nathan Söderblom dans la cathédrale d’Uppsala.

Lecture

La guerre et ses effets dévastateurs, la douleur et les larmes, les pertes et les souffrances, les désastres et la mort, sont le salaire du péché. Et quand nous parlons de péché, nous n’entendons pas les péchés d’un système politique particulier – dans l’acception restreinte du mot ‘politique’ - ; et notre attention n’entend pas se concentrer surtout sur les causes politiques qui sont à l’origine du conflit. Ce qui nous préoccupe ce sont les causes morales et religieuses qui sous-tendent les explications politiques. Mais alors que notre premier devoir est de dénoncer tous les péchés d’où la guerre a jailli, pour appeler les hommes au repentir, nous avons une tâche plus noble à promouvoir. Derrière notre appel à la conversion se trouve une grande espérance. C’est à genoux que nous prions les hommes de se repentir, parce que, ce faisant, nous leur indiquons le royaume de Dieu. Il nous revient à nous tous membres de son Église de hâter les temps et de courir au-devant du royaume désiré, au point de pouvoir être trouvés dignes de le recevoir dans sa plénitude quand il viendra (George Bell, Discours).


Les Églises font mémoire…

Luthériens : François d’Assise (+1226), fondateur d’un Ordre en Italie
Maronites : Denys l’Aréopagite, martyr ; Thérèse de l’Enfant Jésus (+1897), sainte
Orthodoxes et gréco-catholiques : Denys l’Aréopagite, disciple de saint Paul, hiéromartyr ; Michel et Théodore de Tchernigov (+1245), thaumaturges et martyrs (Église russe) ; Grégoire Péradze, martyr (Église géorgienne)
Syro-orientaux : Thérèse de l’Enfant Jésus (Église malabar)