Prière pour l'unité des chrétiens

Mosaïque - Basilique de S. Apollinare Nuovo,  VIe s.  - Ravenne
Pierre et André suivent Jésus
Parce que le chrétien recherche Dieu, il recherche l'unité; il la ressent présente en son âme dans la mesure où il y ressent la présence de Dieu. L'unité chrétienne est une exigence de la foi

Père saint, toi qui as glorifié ton Fils Jésus,
et lui as conféré pouvoir sur toute chair,
afin qu'il donne la vie éternelle à tous ceux
qui ont cru en lui comme Dieu et Sauveur,
nous te rendons grâce
de ce que tu nous as accordé,
à nous les hommes,
de saisir la profondeur de l'union consubstantielle
entre toi, ton Fils et ton Esprit Saint
à laquelle tu nous as appelés par la prière
que ton Fils a élevée vert toi:
"Que tous soient un, comme toi, Père,
tu es en moi et moi en toi,
qu'eux aussi soient un en nous,
afin que le monde croie que tu m'as envoyé."

En vérité, nous croyons que cettee unité
à laquelle tu nous as conviés est nécessaire
pour rendre témoignage au mystère
de ton œuvre dans la nature humaine,
nature encline à la décomposition et à la désintégration
en raison du péché et de l'égoïsme.
De même, cette unité est nécessaire
pour que le monde croie qu'il n'a d'autre espoir
qu'en la personne de Jésus-Christ ton bien-aimé,
que tu as envoyé pour unir les "célestes" aux "terrestres",
le peuple aux nations, l'âme au corps.


Nous confessons que la venue de ton Fils en nos cœurs
- "Que le Christ habite en vos cœurs par la foi" -
crée nécessairement en nous
une attirance spontanée et irrésistible
vers l'unité: "Moi en eux et toi en moi,
pour qu'ils soient parfaitement un,
et que le monde sache que tu m'as envoyé
et que tu les as aimés comme tu m'as aimé."
Par conséquent, toute opposition de notre part
à la perfection de l'unité en toi,
unité que tu as demandée pour nous,
est une faiblesse dans notre foi
et un manque dans notre charité.
Ces imperfections nous font placer
les controverses idéologiques, politiques et raciales
au-dessus des exigences de l'esprit, de la foi et de la charité,
et étouffent la voix du Christ en nos cœurs,
pour satisfaire le monde et les hommes.

Père saint, glorifie ton Fils dans la vie de ton Église,
afin que l'Église te glorifie et glorifie aussi ton Fils,
lorsque tous se libéreront de tout ce qui entrave l'unité
et empêche la charité.
Ne permets pas, Seigneur, que la communauté succombe
et tente d'enlever le péché par le péché,
de soigner le mal par le mal;
ne permets pas que l'unité soit recherchée
au moyen de controverses idéologiques,
la charité confondue avec la politique,
et les coalitions raciales considérées comme force spirituelle.

Matta el-Meskine


Catéchèse

Les tapisseries de Bose, détail du lavement des pieds
Les tapisseries de Bose, détail du lavement des pieds
...un manque de charité de notre part...

Parce que le chrétien recherche Dieu, il recherche l'unité; il la ressent présente en son âme dans la mesure où il y ressent la présence de Dieu. L'unité chrétienne est donc par excellence une exigence de la foi; nous la recherchons parce qu'elle nous sollicite au plus profond de nous-mêmes. Cependant, tous n'ont pas le même sens de Dieu, et ils ne considèrent pas l'unité sous le même angle: chez les hommes, l'unité se dilate ou se rétrécit dans la mesure où leurs cœurs sont en relation avec Dieu. d'aucune ne la ressentnet pas du tout; d'autres même la renient: c'est une épreuve de la foi.

Dans son essence, l'unité est engendrée par la maturité de la foi et par un trop-plein spirituel qui déborde les barrières de la haine, les divergences de la pensée, les dissensions de l'ême, les artifices de l'intelligence et les préoccupations de la chair. Recherchée au niveau de Dieu, l'unité des hommes est un idéal qui dépasse les forces humaines. Elle surgit par contre comme une nécessité, comme une conséquence inévitable et directe de l'union de l'homme à Dieu. Ceci est une loi spirituelle bien connue, qui se base tant sur l'expérience pratique que sur le témoignage réitéré de l'Écriture; le premier des commandements dit: "Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de tout ton esprit", et le second: "Tu aimeras ton prochain comme toi-même". L'Écriture affirme ici que le second commandement découle du premier. C'est de lui qu'il procède. Le second sans le premier n'aurait aucune valeur; il serait même proche du péché.

Tiré de:
Matta el-Meskine, Prière, Esprit saint et Unité chrétienne, Bellefontaine 1990, p. 191-193.