Monachisme et œcuménisme

Il y a donc cette première raison pour faire du monachisme un lieu œcuménique; et c’est une raison inscrite dans son origine, une raison qui pousse chaque communauté à dire à l’Église unie: «En toi toutes nos sources» (Ps. 87,7). Il vaut la peine, à ce propos, de rappeler la finale de la Règle de Benoît, qui invite le moine qui veut progresser au-delà du degré des débutants à s’abreuver à la «règle de notre saint père Basile» et aux enseignements des pères orientaux contenus dans les Collationes, dans les Instituta et dans les Vitae (cf. RB 73,4-6). Pierre Miquel, abbé bénédictin et profond connaisseur de la patristique, a pu affirmer: «C’est dans les monastères que l’on peut retrouver, mieux que partout ailleurs, l’Église indivise.»

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d) Enfin je distingue une dernière raison qui fait du monachisme un lieu œcuménique: c’est le fait qu’il est une épiclèse, une invocation continue de l’Esprit, vécue dans les Églises. Cette définition du monachisme comme «épiclèse» est celle de Paul Evdokimov, mais on la retrouve souvent sous la plume d’Olivier Clément; une vie qui prend forme par l’inspiration de l’Esprit Saint, c’est une vie qui peut être vécue seulement avec son aide continuelle et son incessant dynamisme. C’est la raison pour laquelle la vie du moine est rythmée par la rumination de la Parole de Dieu, de jour et de nuit, et que la communauté monastique apparaît avant tout comme un lieu d’écoute: la Règle de Benoît ne s’ouvre-t-elle pas par les mots «Obsculta, o fili…» et par l’invitation à l’écoute de la voix de Dieu et de ce que l’Esprit dit aux Églises (RB Prol.1-13)? La vie monastique est vraiment une épiclèse en acte, une invocation de la venue de l’Esprit Saint, qui, à la Pentecôte, a été une force d’unité plurielle, de communion dans la distinction des dons et dans la différence des énergies.