Communiqué de presse final (14 septembre 2016)

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XXIVe Colloque œcuménique international de spiritualité orthodoxe

MARTYRE ET COMMUNION

Monastère de Bose, 7-10 septembre 2016
en collaboration avec les Églises orthodoxes

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Le 10 septembre 2016 s’est conclu la vingt-quatrième édition du Colloque œcuménique international de spiritualité orthodoxe, organisé en collaboration avec les Églises orthodoxes, consacré au thème « Martyre et communion ».

En un temps marqué par des conflits sanglants et par la souffrance des victimes innocentes, une époque où la voie de la paix est contredite et la dignité de la personne annulée, où dans de nombreux pays les chrétiens sont encore marginalisés et persécutés pour leur foi, les représentants de toutes les Églises orthodoxes, des Églises de la Réforme, de l’Église catholique, des chercheurs, des évêques, des moines et des moniales, chrétiens d’Orient et d’Occident , ont voulu se rassembler, dans le partage de la prière et de l’étude, pour réfléchir sur la signification du martyre chrétien, cette voie qui ouvre à la communion et interrompt l’engrenage de la haine.

Dans les messages envoyés au colloque par les responsables des Églises a été constamment mise en lumière la connexion intime entre le martyre et la communion, et le fondement du martyre en Christ : seul l’amour jusqu’à l’extrême vécu par Jésus sur la croix est la raison du don de la vie de la part du martyr.

Le patriarche Bartholomée de Constantinople, dans son message, a rappelé que « l’Église orthodoxe a été profondément marquée par le sens du martyre et de la souffrance, en particulier en Asie Mineure, en Russie, et plus récemment au Moyen-Orient et en Afrique du Nord », mais que de cette épreuve naît une humble volonté de communion, parce que « la communion est la justification et la raison du martyre ». Le métropolite Hilarion de Volokolamsk, président du département pour les relations extérieures du patriarcat de Moscou, dans son message envoyé au nom du patriarche Cyrille de Moscou, a observé que la persécution et le martyre se tiennent dans l’horizon de la suivance chrétienne (voir Jn 15, 18.20 ; 16, 2.3 ; 15,27), rappelant que « les chrétiens du Moyen-Orient subissent un véritable génocide ». Mais cette souffrance représente également un appel pressant à la réconciliation et à l’unité des chrétiens : « Ces martyrs de notre temps, appartenant à différentes Églises, mais unis par une souffrance commune, sont un gage de l’unité des chrétiens » (Déclaration commune du pape François et du patriarche Cyrille de Moscou et de toute la Russie, no. 12).

À ces voix s’est unie celle du pape François qui, dans son message adressé par l’intermédiaire du cardinal Piero Parolin, secrétaire d’État de sa Sainteté, souhaite que « la réflexion sur le martyre, comme héritage évangélique précieux, commun à toutes les Églises, nous dispose à considérer la voie privilégiée de l’œcuménisme du sang qui précède tout contraste et renforce le chemin vers l’unité ».

Le colloque a ainsi voulu éclairer le lien intime entre le témoignage rendu au Christ par les martyrs et la communion entre les Églises, dans ses fondements scripturaires et patristiques, et dans les différentes traditions chrétiennes d’Orient et d’Occident.

Les travaux du colloque se sont ouverts par le discours inaugural du prieur de Bose, Enzo Bianchi, et la conférence de sa Béatitude Jean X (Yazigi), patriarche d’Antioche et de tout l’Orient, un témoignage affligé de la foi et de l’espérance de l’Église d’Antioche, présente surtout en Syrie, et un appel pressant à la conversion. La journée s’est poursuivie par l’intervention de l’archevêque Job (Getcha) de Telmessos, représentant du Patriarcat de Constantinople auprès du Conseil œcuménique des Églises, qui a abordé la dimension ecclésiologique du témoignage. En quatre journées d’étude et d’échange fraternel se sont alternés des théologiens, des patrologues, des historiens, des philosophes du monde entier, qui ont montré les multiples implications du martyre chrétien, comme don et témoignage pour le monde, mais aussi comme invitation exigeante à la conversion des Églises sur la voie de l’unité et anticipation de la communion eschatologique.

Au cours de la journée conclusive, la conférence du cardinal Kurt Koch, président du Conseil pontifical pour la promotion de l’unité des chrétiens, a montré les fondements théologiques du sens œcuménique du martyre, tandis que la réflexion du théologien orthodoxe américain Aristotle Papanikolaou, co-directeur du centre l’études orthodoxes de la Fordham University de New York, a insisté sur la dimension publique et sur les implications politiques du témoignage chrétien.

Comme l’ont mis en évidences les conclusions du colloque, les travaux ont cherché à faire émerger les potentialités de communion et les horizons œcuméniques du martyre chrétien, en soulevant aussi des questions importantes : quand un martyrologe commun sera-t-il possible ? L’essentiel du martyre chrétien est le témoignage de la vérité dans l’amour rendu au Christ, qui est le premier Témoin de la vérité dans l’amour miséricordieux de Dieu pour les humains (voir Ap 3, 14), jusqu’au don de soi sur la croix.

Le colloque s’est terminé par les remerciement du prieur de Bose, Enzo Bianchi, aux délégations de toutes les Églises, qui ont rendu possible cette rencontre et en ont assuré le souffle œcuménique. Le délégué du patriarche Bartholomée Ier de Constantinople était le métropolite Athénagoras de Belgique, le patriarcat Théodore II d’Alexandrie a été représenté par le métropolite Gennadios de Niloupolis ; le patriarche Jean X d’Antioche, que la situation dramatique de son Église en Syrie a empêché de participer au colloque, a été présent à travers sa conférence, lue par son délégué, le père Porphyrios Georgi, doyen de la Faculté de théologie de Balamand. Une reconnaissance particulière a été exprimée au patriarche Cyrille de Moscou et de toute la Russie, et à la délégation officielle du Patriarcat, emmenée par l’évêque Antoine de Bogorodsk, responsable des communautés russes en Italie, et composée par le père Aleksej Dikarev, le père Kirill Kaleda et le père Amvrosij Matsegora. Était en outre présent le représentant de l’archevêque Feognost de Sergiev Posad, supérieur de la Laure de la Trinité de Saint-Serge, le hiéromoine Afanasij (Bilibinskij), et le délégué de l’archevêque Amvrosij de Peterhof, recteur de l’Académie de théologie de Saint-Pétersbourg, le professeur Andrej Mitrofanov.

L’Église orthodoxe ukrainienne a été représentée par le métropolite Filipp de Poltava, délégué de sa Béatitude Onuphre, métropolite de Kiev et de toute l’Ukraine ; par l’archimandrite Nazarij (Omeljanenko) et par le hiéromoine Panteleimon (Melnik), de la Laure des Grottes de Kiev, envoyés par le métropolite Antonij de Boryspil, administrateur de l’Église ukrainienne et recteur de l’Académie de théologie de Kiev. Le patriarche de Serbie Irénée était représenté par l’évêque Andrej d’Autiche, de Suisse, d’Italie et de Malte, et le patriarche de Roumanie Daniel par le métropolite Josif de l’Europe centrale et méridionale.

L’Église orthodoxe bulgare a été présente en la personne du père Stefan Palikarov, qui a participé au colloque avec la bénédiction du métropolite pour l’Europe Antonij. De l’Église orthodoxe géorgienne ont participé l’archimandrite Adam Akhaladze, recteur de l’Université patriarcale St. King Tamar et président du département pour la pastorale de la santé du Patriarcat, et par son excellence la doctoresse Tamara Grdzelidze, ambassadrice de Georgie auprès du Saint Siège.

L’archevêque de Chypre Chrysostome II a envoyé pour le représenter au colloque le métropolite Grigorios de Mesaoria.

L’Église de Grèce était représentée par divers délégués de différentes métropolies, telles que Ilion, Nea Ionia, Kalamata et Volos, et par un groupe significatif de professeurs d’Athènes et de Tessalonique.

L’archevêque Anastase de Tirana a envoyé comme délégué l’évêque Asti de Bylis. L’Église orthodoxe d’Amérique était représentée par l’évêque Alexander (Golitzin) de Dallas et du Sud ; l’archidiocèse gréco-orthodoxe d’Italie du Patriarcat œcuménique par l’archimandrite Athenagoras (Fasiolo), délégué du métropolite Gennadios.

Pour l’Église apostolique arménienne, en représentation du catholicos suprême de tous les Arméniens Kerékine II, était présent au colloque l’archevêque Nathan Hovhannisyan, directeur du Département du protocole et des relations extérieures du siège de la Sainte Etchmiadzine, accompagné par l’archimandrite Shahe Ananyan, directeur du département pour les relations entre les Églises.

L’Église d’Angleterre était représentée par l’évêque John Stroyan de Warwick, délégué de l’archevêque de Canterbury Justin Welby, par l’évêque Jonathan Goodall d’Ebbsfleet, et par le chanoine Hugh Wybrew et le père John Turner.

Le Conseil œcuménique des Églises était représenté par le docteur Manoj Kurian, délégué du Secrétaire général Olaf Fykse Tveit.

Des remerciement particuliers ont enfin été adressés au Conseil pontifical pour la promotion de l’unité des chrétiens, présent à travers la personne de son président, le cardinal Kurt Koch, et aux nombreux évêques catholiques qui ont pris part au colloque : l’évêque de Biella Gabriele Mana, ordinaire du lieu ; l’archevêque Marco Arnolfo de Verceil ; l’évêque Pier Giorgio Debernardi de Pinerolo, président de la commission œcuménique de la Conférence des évêques du Piémont ; l’évêque émérite d’Ivrea Luigi Bettazzi ; l’évêque Juan Antonio Martinez Camino, titulaire de Bigastro et auxiliaire de Madrid.

Comme chaque année, la présence au colloque de moines et moniales d’Orient et d’Occident a été importante : de Russie (Laure de Saint-Serge), Ukraine (Laure des Grottes de Kiev), Allemagne (père Vasilije Grolimund de Geilnau), Grèce (les monastères de Petra et Karaiskaki de Karditsa), Norvège, France, Belgique, Angleterre, Turquie et Syrie (monastère de Saint-Gewargis à Saydnaia), ainsi que de nombreux monastères italiens, tant orthodoxes (mère Sevastiani du monastère de la Transfiguration et de Sainte-Barbara), que catholiques (Dumenza, Pra’d Mill, Santa Giustina, Sant’Agata Feltria, Biella).

Au cours du colloque a été présenté le volume Misericordia e perdono (Edizioni Qiqajon 2016), qui rassemble les Actes du colloque de l’année écoulée.

Les Colloques œcuméniques internationaux de spiritualité orthodoxe sont devenus au cours des années un point de référence international pour le dialogue œcuménique et l’étude de la tradition spirituelle de l’Orient chrétien, et représentent une occasion précieuse de rencontre fraternelle, d’échange et de partage ouvert à tous.

Le projet scientifique a été élaboré par les membres du comité scientifique présidé par Enzo Bianchi (Bose), et composé de Lino Breda (Bose), Sabino Chialà (Bose), Lisa Cremaschi (Bose), Luigi d’Ayala Valva (Bose), Hervé Legrand (Paris), Adalberto Mainardi (Bose), Raffaele Ogliari (Bose), Antonio Rigo (Université de Venise), Michel Van Parys (Chevetogne).

Le thème de la XXVe édition du colloque œcuménique international de spiritualité orthodoxe, qui se tiendra au début de septembre 2017, sera décidé au cours de la réunion du comité scientifique en octobre 2016.