Conclusions du colloque

7. « Il y a plus de bonheur à recevoir qu'à donner »: avons-nous bien compris cette parole de Jésus? Tout au long de l’histoire de l'Eglise, même après les ruptures et les anathèmes, les échanges se poursuivent. L'Eglise latine doit tant aux traditions grecques, syriaques, coptes… L'Esprit saint, de toute évidence, ne tient pas compte des barrières confessionnelles. Comment expliquer autrement que Isaac, évêque « nestorien » de Ninive, ait été reçu et est reçu par nos  Eglises comme un saint docteur de la vie spirituelle? Il est entre les mains des moines de la sainte montagne de l'Athos, des moines d'Optina, des moines de Sihastria, des moines coptes de Scété, des moines éthiopiens.
Nous recevons des « saints » que l'Esprit suscite dans les Eglises divisées, nous les traduisons, nous les recevons. Nous pouvons faire confiance à l'action du Saint-Esprit. Nous l'avons vécu ensemble ici cette semaine à Bose. L'échange des dons, oui. Car le dialogue de la charité précède et accompagne le dialogue théologique de la vérité.
Le combat spirituel sera nôtre jusqu'à notre dernier souffle. Tel fut déjà la mise en garde de saint Antoine le Grand. Avec saint Jean Colobos, un autre géant spirituel du désert, apprenons que la lutte spirituelle nous est nécessaire, car elle nous rappelle notre misère de pécheurs:

"Abba Poemen a raconté ceci au sujet d'abba Jean Colobos. Il supplia dieu et les passions lui furent enlevées. Et en cela il devint sans souci (amerimnos). Il s'en alla trouver un ancien et lui déclara: "Je constate que j'ai le repos (anapauomenos) et que je n'ai aucun combat." L0'ancien lui répondit: " Va, supplie dieu que le combat te vienne, car l'âme progresse grâce aux combats." Et lorsque vint le combat, il ne pria plus que le combat lui fut enlevé, mais il dit: "Seigneur, donne-moi la patience (hypomone) dans les combats." » (Jean Colobos 13).

 

Conclusion

Tout au long de ces quatre jours de notre symposium, nous avons pu admirer l'icône peinte à notre intention, celle du combat de Jacob.

style byzantin, détrempe à l’œuf
style byzantin, détrempe à l’œuf
Les icônes de Bose, Lutte de Jacob
 

Dans le fond, un peu au loin, nous voyons Jacob endormi à Bethel (la maison de Dieu), voyant en songe l'échelle qui relie la terre au ciel, ainsi que les anges de Dieu qui y montent et descendent. Jacob fuit la fureur de son frère Esaü, quitte la Terre promise et en même temps la présence du Dieu d'Abraham et d'Isaac (Gn 28). Sur l'avant-plan, nous voyons Jacob qui lutte avec l'ange (Gn 32). Il revient en cette même Terre promise, comblé de douze fils et de biens considérables. Mais avant de rencontrer son frère Esaü avec crainte et tremblement, et afin de pouvoir se réconcilier avec lui, Jacob est surpris par l'ange de Dieu, qui lutte avec lui toute la nuit, jusqu'à l'aube. Combat mystérieux qui fait de Jacob un voyant de Dieu, Israël, et aussi le blesse pour le restant de ses jours.
A sa manière, l'icône décrit picturalement l'ambigüité, ou mieux le paradoxe pascal, du combat spirituel du chrétien. Notre nature humaine blessée y devient ce qu'elle est par la grâce du baptême, de la chrismation et de l'eucharistie, morte et vivifiée en la croix et la résurrection de Jésus-Christ. Le contexte scripturaire de l'Icône nous renvoie également à la rencontre avec le frère, le frère ou la sœur dans la foi et la filiation divine baptismale, le frère ou la sœur aussi en humanité. Le combat spirituel élargit notre cœur, afin qu'il apprenne à accueillir le don de Dieu, afin qu'il s'ouvre à l'amour du prochain, afin qu'il se laisse purifier, unifier par le Saint-Esprit.

 

p. MICHEL VAN PARYS
au nom du comité scientifique

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XVIIe Colloque œcuménique international