Médite!...

 

A ce point, s'il y a eu une certaine compréhension, rumine les paroles dans ton coeur (la "rumination" des Pères) et puis applique-les à toi-même, à ta situation, sans te perdre dans le psychologisme, dans l'introspection et sans finir par faire ton examen de conscience. C'est Dieu qui te parle, contemple-le, lui, en non pas toi-même. Ne te laisse pas paralyser par une scrupuleuse analyse de tes limites et de tes déficiences en face des exigences divines que la Parole t'a fait découvrir.

Certes, la Parole est aussi jugement, elle scrute ton coeur, elle te convainc de péché, mais rappelle-toi que Dieu est plus grand que ton propre coeur (cf. I Jn 3,20) et que cette blessure dans ton coeur, qui te vient de Dieu, il la fait toujours avec vérité et miséricorde.

Emerveille-toi plutôt de celui qui parle à ton coeur, de la nourriture qu'il t'offre, plus ou moins abondante, mais toujours salutaire. Etonne-toi de ce que la Parole soit ainsi déposée dans ton coeur, sans que tu aies à aller la chercher au ciel ou au-delà des mers (cf. Deut. 30,11-14). Laisse-toi attirer par la Parole, qui te transforme en l'image du Fils de Dieu sans que tu saches comment. La Parole que tu as reçue est pour toi vie, joie, paix, salut ! Dieu te parle, tu dois l'écouter, émerveillé, comme les Hébreux de l'Exode qui la voyaient opérer des merveilles, comme Marie qui chante: "Le Seigneur fait pour moi des merveilles, saint est son nom !" (Lc 1,49). Dieu se révèle à toi. Accueille son nom ineffable, son visage d'Amant. Reste dans l'espace de la foi. Dieu t'enseigne : modèle ta vie sur celle de son Fils. Dieu se donne à toi, se livre dans sa Parole : accueille-le comme un enfant et entre en communion avec lui. Dieu t'embrasse d'un saint baiser : ce sont les noces de l'Aimé et de l'Amant, célèbre donc dans ton coeur son amour plus fort que la mort, plus fort que le shéol, plus fort que tes péchés. Dieu t'engendre comme logos, verbe-parole, comme fils : accepte d'être engendré pour devenir le Fils même de Dieu. La méditation, la ruminatio doivent te conduire à cela : être la Demeure du Père, du Fils et de l'Esprit.

Ton coeur est lieu liturgique : toute ta personne est temple, est réalité divino-humaine, théandrique.

Tiré de:
ENZO BIANCHI, Prier la Parole. Une introduction à la lectio divina
Bellefontaine, 1996
(nouvelle édition).